J’ai donc proposé en 2015 à la préfecture de Paris une action originale destinée à permettre à certains de ces jeunes de mieux s’approprier leur vie et de se protéger contre la fascination d’un discours de propagande totalitaire. Pour y parvenir, il m’a paru intéressant de partir du téléphone mobile qu’ils ont dans leur poche en leur proposant de l’utiliser comme un outil de médiation narrative. Avec pour objectif de favoriser leur subjectivation, notamment en renforçant leur estime d’eux-mêmes en situation de socialisation co-créative.
Origine du projet
Une rencontre
par Serge Tisseron
Depuis ma première publication sur les images en 1983, j’ai toujours défendu l’idée qu’elles sont non seulement un moyen de communication, mais aussi un moyen de communication à part entière. Lorsque la préfecture de Paris m’a contacté en 2015 pour tenter d’éviter que des jeunes basculent vers l’extrémisme, j’ai naturellement pensé à passer par elles.
En effet, comment libérer la parole des jeunes qui, à l’école, se sentent souvent interdits de dire ce qu’ils pensent, et qui, dans leur bande, sont paralysés par la nécessité de se ranger à l’opinion dominante ?
Comment leur donner le moyen d’exprimer leur originalité et leurs préoccupations autrement qu’à travers un langage oral dont la fonction principale est de souder les membres du groupe dans des propos convenus et sans surprise ?
Il m’a semblé que le recours aux images en était un.